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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 17:13


ENFANTpapil
Lauréate de la Blogosphère TV5 Monde! Rien que ça! Madame De Xhavée nous a fait la surprise à Kate Millie et moi-même de nous faire participer indirectement à son succès tellement mérité. Son coup de coeur pour nos deux romans, ses mots savoureux et tendres à leur égard sonnent pour nous comme un cadeau délicat et sucré.
Chloé des Lys, recèle de talents. C'est maintenant une évidence. Le comité de lecture s'il est intransigeant sur la qualité de l'écrit est novateur et ouvert sur le genre. Pas de ligne éditoriale réductrice mais un fonctionnement au "coup de coeur". Voilà récompensée la véritable création littéraire, bien loin des "canons formatés" de l'édition spectacle. Ecrire, c'est être libre. Cette maison d'édition est en train de semer sur le monde littéraire des graines folles qui annoncent un printemps délicieux. Prémices "d'un véritable mouvement littéraire" comme le prédit Bob. Diversité, richesse, ouverture, vérité de l'écrit. Ces magnifiques trublions qui défient avec bonheur les lois des best-sellers  rutilants, affichés, encencés, fardés, imposés, sont garants d'un respect du lecteur. Celui de le laisser libre de découvrir les mots qui vont le temps de quelques pages, le porter ailleurs. Vous, nous, devons leur dire par nos comportements et nos choix littéraires qu'ils ont notre soutien de lecteurs libres. Laurent Dumortier, géniteur de Chloé, à eu cette belle folie visionnaire. Des grappes d'auteurs en devenir et pleins d'espérances lui doivent à lui et son incroyable équipe, de pouvoir tous ensemble, et chacun à sa manière "un peu et simplement" exister. Allez picorer sur le site de l'éditeur, sur le webzine de Bob référencé ci-contre et bientôt, à compter du 7 février, sur Actu/Télé et ses émissions culturelles. Tentez, osez, découvrez, partagez...et lisez! lisez! LISEZ!

C'est par notre diversité, nos échanges, notre liberté de mots, notre créativité, notre envie de découvrir, notre curiosité que tous ensemble nous rendrons Chloé plus désirable encore. ALors encore merci Edmée pour ces lignes :

"Je n’ai pas beaucoup le temps de lire ici. En français, de plus, c’est un luxe, un plaisir que je savoure comme bon un verre de vin. Ou tiens, pourquoi pas, comme un toast à la moëlle, délice que j’adorais dans mon enfance, et je crois interdit en Europe. Ici, on peut encore en manger, et même si c’est une gourmandise bien périlleuse, je n’y ai pas renoncé.

 Des livres en français, je n’en achète que lorsque je rentre en Europe, et encore, pas beaucoup à cause du poids – il faut aussi penser aux chocolats !  Ou alors, je commande chez Chloé des lys dont je découvre les autres auteurs après avoir apprécié leurs réparties sur le forum, lu leurs interviews sur la partie Who’s Who d’Actu, et constaté leur talent sur leurs blogs ou websites.

J’ai donc récemment « craqué » pour deux auteurs.

 

Jean-Pierre Meyer n’est pas un grand bavard sur le forum, mais ses interventions sont toujours savoureuses et discrètes. Bien sûr, ma curiosité s’est incendiée quand il a sobrement mentionné avoir acheté, lu et même aimé Les romanichels. Un coup de spot sur la vanité fait toujours plaisir. Aussi j’ai été fureter sur son blog et ai beaucoup aimé ce que j’y trouvais. De l’humour tendre, une observation chaleureuse, une belle écriture qui met le son et image sur les descriptions, parfois même les odeurs car Jean-Pierre aime bien manger, et il n’en fait pas un secret. J’ai donc acheté La plume de l’ange.

 
Et je suis tombée amoureuse d’Enzo, un amoureux improbable mais si vivant, si généreux Plume de l'angeet vrai qu’on n’a qu’un Enzo pour toute une vie, et que ça suffit pour se dire qu’on a été aimée. Je ne me suis pas identifiée avec Babou, trop jeune, imprudente, audacieuse et curieuse pour que ce soit possible, mais je courais derrière elle avec une grande envie de hurler casse-cou, tout en décidant qu’elle avait l’air de savoir ce qu’elle faisait, après tout. Et puis, Babou bondit dans les montagnes comme un cabri, et moi j’ai un vertige qui fait supposer que tous mes gènes ont toujours vécu sur le sol plat. Je n’ai aucune intention de forcer ma ligne génétique à s’élever ailleurs que sur des chemins bien balisés et pas trop caillouteux. Avec un joli garde-fou et des points de vue avec un ou deux bancs pour souffler un peu.

 

La mère de Babou est charmante et terre à terre, d’un de ces terre-à-terre qui appelle un chat un chat et balance les conventions aux ordures si elles gênent au bon sens. Une dame qui a un bon sens aigu et de la joie à revendre, qui connaît sa fille, et crie casse-cou de concert avec moi.

 

C’est un roman qui, contrairement à ce que semble annoncer son début avec ce style comédie bien enlevé, s’oriente vite vers quelque chose de bien plus profond et émouvant. L’amour tout simplement, pourrait-on dire. En savourant la noblesse qui rayonne dans ce "tout simplement". J’ai beaucoup aimé et l’ai lu d’une traite. 
 

Le second roman, encore chaud de la presse, est celui de Kate Milie. Kate, depuis qu’elle a mis le nez dans le forum, c’est comme si on avait débouché le champagne. Des bulles de rires et de bonne humeur, des réparties qui font pchhhhht, une solide culture sur les sujets qu’elle aborde. Et tous ces magnifiques avatars art déco. Classe et gaieté.

Belle epoque
Une belle époque, retenez ce titre. Kate arrive à utiliser un décor tout à fait actuel – l’internet – pour nous parler d’une belle époque translucide comme un vitrail, lumineuse et gaie. Les conversations sont fluides, soutenues par un langage soigné qui ondoie comme un ruban ou une mèche de cheveux au vent, en coup de fouet comme le style art déco. La curiosité du lecteur est accrochée tout de suite, titillée, trompée, ranimée tout au long du récit. Les surprises se succèdent, les questions se superposent, l’Histoire s’en mêle, ainsi que l’histoire de l’Art, le tout subtilement mêlé aux joies et inconnues des forums ou salons de discussion sur Internet.

 

  Que l’on ne se laisse pas décourager par le point de départ très moderne que Kate Milie a choisi. On est loin de s’abîmer dans le monde des abréviations douteuses et d’une orthographe massacrée, que nenni ! Les personnages qui apparaissent dans ce salon de discussion et le forum le font avec grâce et même, une recherche de vocabulaire qui aurait mis Voltaire à l’aise. Et, habile metteur en scène, Kate leur donne tant de vie qu’ils semblent lui tirer leur révérence et agir pour leur propre compte. Pour notre plus grand plaisir. Voyez donc ici ce que Carine Laure-Desguin – dont le livre, presque prêt, est attendu avec impatience - , qui l’a lu avant moi, en dit avec ses mots et son éloquence !

 

  Quand on a refermé l’ouvrage, les questions continuent de partir et revenir sur un air de valse viennoise. Et Klimt a gagné de nouveaux adeptes !

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23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 19:04


filledeb

J'avais d'abord étendu de grands draps blancs roulés et plissés. De la mousse du bois, des brindilles, des boules de houx, fait des sentes caillouteuses et mis du papier rocher recouvert de farine. La cabane de bois camouflée sous quelques branchages. J'y avais mis de la paille pour accueillir l'enfant et le boeuf et l'âne qui piaffaient. Impossible de mettre la main sur Marie et Joseph qui devaient être au fond du carton sous les boules, les brillants, les guirlandes, les anges, les étoiles dorées. Des moutons à paccager, des bergers colorés et vigilants, la gitane, le remouleur, l'aveugle, le maréchal ferrant, le ravi, la femme à la cruche... j'avais mis en scène ces santons qui semblaient vouloir discutailler. Ils en avaient le droit. Quelques jours par an. Quand je les sortais de leurs emballages.
Et ils savaient rattraper le temps perdu les bougres. 
Les enfants dormaient. La maison était paisible. Demain leurs yeux se feraient des histoires en parcourant les recoins de la crèche, les chemins, la mare faite avec le petit miroir bordé de verdure, les cachettes sous la mousse. Ils bougeraient les personnages, les amenant vers des aventures profanes assurément éloignées du contexte de la Nativité. Pour eux seuls...
Assis en tailleur, un peu en recul, je contemplais le paysage éphémère. Fier de moi. Ou pas loin. 
La voix d'enfant pourtant posée et douce me fit sursauter.
-C'est très beau, mais le lit est un peu petit! Je vais tout te mettre en pagaïlle. Bon je me ferais réduire!
Une enfant bouclée, en chemise de voile blanche se tenait plantée là, les mains sur les hanches. Comme une grande, sûre d'elle.

- Mais d'où sors-tu?
- Peu importe d'où je sors...
- Ben si... quand même!
- Ben non...voilà tout!
J'avais les yeux tellement écarquillés que je les imaginais rebondir par terre et s'en aller jouer avec les boules rouges et argentées alignées sur le plancher. Du bowling de Noël.
- Bon, fais pas cette tête là, je vais pas te manger, j'aime que les kinders surprises!
- Ah bon... c'est vrai que je suis pas forcément un cadeau! Et tu fais quoi chez moi?
- Chez toi ou ailleurs, je me promène et vais voir les crèches qu'ils m'ont bidouillées les bricolos de la Nativité... je suis en quelques sortes en mission et cette nuit, c'est chez toi!


Je commençais à joyeusement transpirer et à pincer ma joue jusqu'au sang.
- T'inquiète pas, je vais pas rester. je te l'ai dit, le lit est trop petit et puis alors tu m'as foutu de la paille partout. Ca gratte les fesses.  Tu t'y coucherais toi dans ce truc? Et puis, t'as vraiment mis trop de farine sur ta crèche, franchement t'aurais mieux fait de faire des tartes avec. C'est du gâchis. Bon je te mets un sept sur dix. C'est parce que t'as une bonne tête et parce que je t'ai foutu la trouille. Parce que ta crèche... c'est plutôt moyen moyen. Bon allez je vais voir les voisins. Bye!
- Eh attends un peu... T'es quand même pas le...
- Le quoi?
- Ben le... tu sais bien... si tu veux aller roupiller dans ma crèche... c'est peut-être que t'es le...
- Bon sois clair Alfred!... non je suis pas le... mais bon je travaille pour lui. Sauf que j'ai pas mis mes ailes blanches parce que je suis partie un peu vite, mais bon, normalement je les ai. Autre question?
- Et tu peux faire quelque chose pour moi ou faut que je demande encore au boss? Parce que lui, il écoute pas trop!
- Ca dépend du taff!
- Bon je te le dis à l'oreille...

La petite était superbe. Mignonne à croquer. Je lui levais sa grappe de boucles blondes pour atteindre l'oreille.
Je chuchotais. Du moins au début parce que l'idée m'excitait tellement que je finis par crier un peu.
- Non, mais t'es pas bien Alfred! Tu te rends compte de ce que tu me demandes?
- Ben c'est Noël, allez lâchez-vous un peu là-haut... c'est toujours pareil ici en bas...le père Noël, les rennes, le traîneau, la crèche, la bûche, les chocolats, l'indigestion, le cholestérol...
- Ah oueh mais alors là tu me demandes un sacré truc, faut que j'en réferre là-haut... t'imagine pas le bazar!
- N'en fais pas un plat non plus, c'est juste  comme ça. Si tu peux pas, tu peux pas! N'en parlons plus. je croyais que t'avais un peu de pouvoir, mais bon, c'est vrai que t'es encore petite! Bon oublies mes bêtises...
Le petit ange fut piqué au vif et je vis à ses pommettes qui prenaient de la rougeur, sa bouche tordue et ses yeux qui tiraient vers le bas que j'avais fait mouche!
- Bon tu veux quoi comme couleurs?
- Toutes, je les veux toutes, et des mélanges aussi, et des brillantes, et des scintillantes, et des...
- Oh là mon gaillard... j'ai jamais fait ça moi... sais même pas si ça va marcher!


ENFANTSOUFFLE


Elle ouvrit ses petites mains et découvrit une petite boîte brillante. Elle souffla dessus et la boîte s'ouvrit libérant des milliers de petits papillons magiques de toutes les couleurs qui n'en finissaient pas de sortir en dansant des ailes. Elle souffla vers la fenêtre qui s'ouvrit à son tour en aspirant dans la nuit étoilée les nuages multicolores. Elle riait comme une enfant espiègle et contente du bon coup qu'elle venait de réussir.

- Pétard de pétard...ça marche! T'as vu ça Alfred?
Oui, j'avais vu ça! Et je sus que demain serait formidable quand un petit papillon vert pomme vint se poser sur mon épaule et qu'aussitôt toute ma peau s'illumina en couleur de printemps!
Les papillons travaillèrent d'arrache-pied toute cette sainte nuit et au matin les hommes s'étaient levés la peau joyeusement teintée par les insectes coloristes du bon dieu. Passé l'instant de compréhensible panique, le monde s'en amusa. On trouva un pape tout rose comme un préservatif, un président caca d'oie prêt à être embarqué en charter pour l'Afganisthan, des boulangers jaunes, des peintres bleus, des soldats oranges, des banquiers violets, des communistes rouges, des politiques marrons, des noirs jaunes, des jaunes noirs, des peaux-rouges verts, des enfants multicolores partout qui jouaient à la ronde...

Mon angelot sautait partout avec moi! Content de lui.
Puis la tristesse nous gagna. On vit chacun se rapprocher des gens de la même couleur qu'eux, d'abord hésitants. Puis se rassembler  ouvertement en se mettant en files monochromes. Les rouges avec les rouges. Les bleus avec les bleus. Les roses avec les roses... et ainsi de suite. Chaque groupe semblait s'invectiver hostilement du doigt.
- Nom d'un chien, ça va pas recommencer! Ils n'ont encore rien compris!


Alors les files colorées se rapprochèrent doucement, se colèrent l'une à l'autre en riant, s'étirèrent harmonieusement, s'ondulèrent sans bousculade, s'arc-boutèrent joliment jusqu'à composer le plus magnifique des arcs-en ciels...



fotolia_2108087.jpg


Belle année pleine de couleurs et d'espérances.

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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 19:05



boules

Dans quelques jours, agapes et bombances réuniront les plus chanceux d'entre nous.
Parfois sur quelques tables bien garnies, après savoureux amuses-gueules
et diverses délicates victuailles de mise en bouche, un chapon tendre,
rôti à souhait et délicieusement dodu s'immiscera dans des cris d'admirations mérités
au centre de quelques tablées déjà joyeuses et bruyantes.
Qui irait imaginer non seulement la vie émasculée de ce pauvre gallinacé tronqué
mais par-dessus tout l'itinéraire sulfureux et imprévisible de la pauvre cuisinière
pour s'en aller quérir la volaille castrée.
Je ne résiste pas ici au plaisir subtil de vous faire partager
cette fable gourmande délicatement glissée sur ma boîte mail par une belle âme
que je remercie pour ces anonymes bons mots...

Rôti

Fable succulante à déguster doucement
et à réciter goûteusement comme du La Fontaine
à la cuisinière écarlate à l'attaque du premier coup de couteau pourfendeur
dans le volatile définitivement condamné aux sensuels plaisirs de bouches...

coqcahant


Une fermière du Rwanda,
Qui était Hutu de surcroit,
Quitta sa case et sa smala
Pour le marché de Kampala.
Elle voulait honorer sa tribu
d'un beau chapon gras et dodu...

Mais elle était peu fortunée,
Et le marchand Tutsi, rusé
Refusa de baisser le prix
du chapon par elle choisi...

Me le donnerais-tu,
Dit la cliente Hutu,
Contre une gâterie
Sur ton beau bengali?

A voir, dit le vendeur,
De cette gâterie quelle serait la valeur ?
Vaudrait-elle un chapon?
Il m'en faudrait la preuve pour de bon!

Aussitôt la bougresse s'enfouit sous le boubou,
Et vite fait jaillir la sève du bambou.
J'ai gagné le chapon, s'exclame l'innocente
La bouche encore pleine du produit de la vente.

Que nenni lui répond le volailler acerbe.
Tout comme la figure, le chapon tu as perdu,
Car comme le dit notre si beau proverbe :

"Turlute Hutu, chapon point eu!"


épouvantail

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 20:40


NOIR&B-copie-1

"Un étranger est un ami
que je ne connais pas encore"


CATHERINE DE HUECK

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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 20:03


MAINS

Montmartre avalait goulûment nos vingt ans, notre joyeuse insouciance et notre soif de liberté. Toutes nos folles révoltes aussi. Ce tertre ennivrant était devenu le refuge de toutes nos facéties artistiques, amoureuses, paillardes et politiques. Etudiant à l'Ecole Supérieure des Arts Modernes, j'habitais alors la rue des Martyrs qui monte vers la place du Tertre et son étalage coloré de peintres gouailleurs à touristes. Un immeuble bourgeois, superbe et cossu. Une immense et lourde porte cochère. Une cour dallée et fleurie. Un superbe escalier joliment tourné qui desservait tous ces appartements feutrés. Des gens "bien comme il faut" à tous les étages. Moi, c'était l'escalier de service. Et tout là-haut, sous les toits de zinc, les "chambres de bonnes". Un couloir pavé de tomettes de terre cuite. Certaines disjointes que l'on se plaisait à faire chanter sous nos pas. Au bout des wc à la turque d'un autre temps, commun aux huit chambres. La mienne, comme les autres, était minuscule. Pour "bonnes" anorexiques.Un lavabo dans un coin, une table, un lit, trois étagères branlantes. Et surtout une fenêtre qui donne sur le gris, sur une forêt d'antennes grises, sur le zinc des toits gris aussi, avec quelques pigeons idem. Même les gens qui s'aventuraient parfois aux fenêtres paraissaient gris. Un gris taciturne et résigné. Un peu morts-vivants. Une fenêtre où on attends impatiemment le bleu. Où on voit même pas les étoiles. Il y a là, sous ce toit, un turc sombre et invisible, un guitariste virtuose, une grosse femme noire hors d'âge et inquiétante, un vieux monsieur bougonnant et chauve, un locataire inconnu dont on n'entends que le bruit de la clé dans sa serrure et dont la porte ne s'ouvre jamais, une "dame-pipi" des toilettes publiques de la place Clichy, un étudiant en Génie Civil, insipide et coléreux. Et moi. C'est pas Zola mais presque.



Le vieux monsieur bougon est celui que je croise le plus souvent. Pas bonjour, pas bonsoir, pas merci quand on lui tient la porte, pas un sourire, pas un geste de rien, pas un regard non plus. Des mots inaudibles et ronchons qui font un peu bouger sa bouche tirée vers la droite et de travers. Du bougon premier choix ! J'appris qu'il s'appelait Monsieur Jean. Un peu par hasard, dans une brasserie du boulevard Haussman, où je prenais un verre avec des amis. Un verre ou deux. Il était assis sur la banquette de skaï rouge, tout au fond. Devant, sa tasse et son journal. Et ses yeux qui allaient d'un serveur à l'autre, d'un client à l'autre, qui fouinaient sur tout ce qui bougeait. Comme s'il eut été le patron de l'établissement, contrôlant les moindres faits et gestes, allers et venues. Je croisais son regard et lui fit un petit signe amical. Il baissa les yeux. Normal. Le bougon reste bougon en toutes circonstances. J'entendis que le serveur l'appella "Monsieur Jean". Voilà tout.

Chaque fois que je passais devant cette brasserie, je jetais un oeil. Je le ramassais après. Forcément. Surtout que je n'y vois que d'un. A chaque fois il était là. Même place, même regard. Simplement sur la table, en fonction de l'heure, sa consommation changeait : on passait de la tasse de café, au petit blanc puis au ballon de rouge pour revenir au petit noir.

TABLE.jpg

Ce soir là, une fête s'improvisait, se dessinait dans ma chambrette doux minou minou doux minou minette! Quelques amis entassés çà et là et je ne sais trop comment ,dans mon spacieux quinze mètres carrés, avaient du mal à partir. Je n'avais pas envie de les quitter non plus. Comme souvent, c'est dans l'instant  que se prennent les sages décisions. Les rires naissaient, les bons mots aussi, quelques verres trinquaient, des chants montaient, des guitares s'accordaient, le ton était donné... plus rien ni personne ne nous arrêteraient!

Par correction, alors que commençaient sans aucune discrétion les agapes nocturnes, je m'enquit, le coeur léger et l'âme joyeuse, dans un souci de respect de bon voisinage, de frapper aux portes des "bonnes" pour prévenir de l'imminence du cataclysme festif. Deux portes s'ouvrirent. Celle de Monsieur Jean d'abord qu'il me claqua au nez, prestement et sans ambages. Celle de la grosse dame noire ensuite qui me gratifia de noms d'oiseaux pleins d'exotisme avant d'en faire de même. Que la fête soit belle, pensais-je!

Et elle le fût.

guitare.jpg

A deux heures du matin, on frappa à la porte. Dans le brouhaha général, personne n'entendit .Ce n''est que quand le visiteur nocturne balança des grands coups de pieds de mamouth en rût dans ma pauvre porte que les ardeurs se firent tout d'un coup piano-piano. Regards intérrogatifs autant qu'avinés. Peu rassuré j'ouvris.
Bougon se tenait là, bien centré dans l'embrasure, les mains derrière le dos, le sourire bien caché. Je m'attendais au pire et envisageait un rapide repli avant le bombardement. J'imaginais la matraque derrière son dos et attendait la douloureuse sentence. Pour la première fois, je le vis se préparer à parler en me regardant droit dans les yeux. Gris. Normal, ses yeux étaient gris.
- Vous m'empêchez de dormir!
- Veuillez-nous excuser...une petite fête entre amis... c'est ce que j'étais venu vous dire tout à l'heure...
- Vous m'empêchez de dormir!
Je pensais que l'on n'était pas sorti le "cul de l'ornière" quand il enleva les mains de derrière son dos. Je fis instinctivement un geste de protection en me reculant.
- Vous m'empêchez vraiment de dormir...alors je viens participer! lâcha-t-il dans un sourire insoupçonné et me tendant une bouteille de Clairette de Die et un paquet de biscuit Petit Beurre.

Monsieur Jean fut accueilli en seigneur par la compagnie et mêla la sagesse de ses bientôt quatre-vingt printemps à la fougue de nos vingt ans. Il me raconta dans un début d'ivresse que la grosse dame noire avait assasiné son mari alcoolique, était devenue folle et se promenait dans le couloir la nuit avec un couteau de cuisine affûté tout le jour avec énergie destructrice. Que le guitariste était homosexuel, donnait des cours au Conservatoire et écoutait souvent à ma porte quand je chantais du Brel. Que le turc travaillait au noir dans une échoppe du Sentier et crâchait toujours par terre. Que la "dame -pipi" faisait aussi le tapin rue Blanche et que je devais m'en méfier. Que....
Je cessais de l'entendre, voulus lui servir un nouveau verre. Il s'était endormi.

JEAN

Toute sa vie, il avait été serveur; Dans des bars, des tripots peu fréquentables, des établissements de luxe, des hôtels de passe, des quatre étoiles cotés, des cafés enfumés, des cabarets. Des anecdotes croustillantes plein la tête. Puis vingt ans dans cette brasserie de la rue Haussman. Toute sa vie. Et il y revenait chaque jour, par le même chemin qu'autrefois, il s'installait à la même table,  la même heure. Accrochait le même imperméable gris à la même patère. Et il regardait la vie des autres en spectacle continu pour éviter de voir la sienne qui s'échappait. Ni femme, ni enfants. Un lointain cousin en Auvergne. Il avait héroïquement tiré sa solitude jusque là. Jusqu'à cette chambre de bonne de quinze mètres carrés sous les toits de Paris.

Le jour de ses quatre-vingts ans, à huit heures du soir, je venais à mon tour frapper à sa porte. Accompagné de madame Bamba, la grosse dame noire, de José le guitariste qui m'enseigna bien des accords oubliés depuis, de Thérèse la "dame-pipi" pleine de fantaisie, de Pierre l'étudiant content de délaisser un peu ses révisions, de Christophe, mon ami décorateur qui occupait la loge de concierge que nous avions transformée en atelier d'artistes improbables et aussi quelques amis qui avaient apprécié ses facéties et ses histoires d'un autre temps. 
Dans les bras, quelques bouteilles, gâteaux, une bougie et le dernier 33 tours de Brel qui venait de sortir.  Et de la tendre amitié.

Il pleura longuement. Il pleura tellement. On pleura aussi un peu.
Et la fête quitta sa chambre exigüe, pleine de trop de souvenirs mal entassés pour s'étendre dans le couloir où chacun sortit  tables et chaises. On chanta et dansa. Les "bonnes" savent aussi vivre. L'électrophone nous offrit les mélodies et mots justes du grand Jacques exilé aux Marquises. Monsieur Jean et Bamba parlèrent longuement. Ils dansèrent aussi doucement, les yeux pétillants. Par la fenêtre, il me sembla qu'il faisait grand bleu et j'aperçus même des gerbes d'étoiles.

BANC2

Le lendemain j'aperçus deux êtres gauches et mal assurés qui descendaient doucement la rue des Martyrs et s'en allaient vers le boulevard Haussman. Je crois me souvenir qu'ils se prirent la main.
La vie a parfois une sacré belle gueule.



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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 16:33


"Etonnez-vous de ce soleil
avant d'en réclamer un autre!"


CHARLES-ALBERT CINGRIA

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 13:06




On ne présente plus l'auteur de "Les Romanichels". Edmée De Xavhée vit dans le New Jersey (USA).  Madame Edmée m'a fait l'honneur de lire mon dernier roman "La plume de l'ange". Je ne le lui ai même pas envoyé l'ouvrage avec une belle dédicace complaisante et un colis de saveurs du Sud-Ouest pour qu'elle y trouve un peu d'intérêt et se sente quelques obligations en retour. Non, elle l'a acheté! Avec ses propres deniers bien à elle. Ses petits sous de son petit porte-monnaie perso. A fermeture "éclair". Zip zip...je prends les pièces et je les donne à la jolie libraire contente de se débarasser de cet invendu invendable. De l'argent honnête, sonnant et trébuchant. Sans aucune menace de ma part. Non, non, je vous assure! Elan spontané... comme qui dirait... un achat intuitif... l'espérance folle d'une bonne découverte... l'imminence parfumée d'un éventuel coup de coeur.
Comme elle va se la "péter" maintenant Edmée aux "States" dans les salons littéraires... "Comment vous n'avez pas lu le dernier JP Meyer? Nooonnnnnn...?...ça n'est pas dieu pôooooooooooossible!"

Je sais, j'ai l'imagination féconde et trop directement raccordée à mes chevilles enflées. Toutes les deux. Bon, laissez-moi au moins ma part de rêve. Et puis tous autant que vous êtes là, avec vos sarcasmes accérés et moqueurs, est-ce que vous avez vendu un seul bouquin outre-atlantique? Ou même n'importe quoi, du fromage pur brebis de la vallée d'Aspe, des espadrilles de Mauléon, de la saucisse de Morteau, des nougats de Montélimar... Et oui, ça calme!

Eh bien moi, OUI!

Le SEUL peut-être d'accord mais pas à n'importe qui.

Alors voilà ce qu'à écrit Madame Edmée dans la rubrique "Coups de coeurs". Même le fameux Webzine belge de Bob va reprendre ses propos dans son actualité culturelle. C'est vous dire! J'en ai d'écarlates pâmoisons et la peau de gallinacée à gros grain. Voilà j'ai mes vapeurs :

"Ici, je viens d'avoir 4 jours de congé (oui, quatre, qu'on se le dise, je n'en reviens toujours pas, mais j'avais "économisé" des jours sur ma grosse provende de 15 annuels...  ) et j'ai enfin lu et savouré ce livre de Jean-Pierre Meyer.

Que dire? Je ne parlerai pas de ce que d'autres décriront mieux que moi s'ils le font, le style, les ressemblances ou originalités etc... J'ai adoré l'écriture, avec un vocabulaire bien riche mais sans en faire trop, et aussi les personnages mis en scène, Marie si fantasque et subtile, qui connaît sa fille avec quelques années d'avance, Babou qui fonce parfois trop, impétueuse et sincère, qui fait mal où elle passe (y-compris à elle-même), et Enzo dont je suis amoureuse jusqu'à mon dernier souffle mais qui aurait eu malgré tout du mal à me faire faire de l'escalade pour toucher le ventre des anges car j'ai la trouille sur une chaise.

L'amour d'Enzo et Babou est ... un de ces amours qui n'a besoin que d'avoir été pour rester. Bien sûr, j'ai eu "mon Enzo", et j'ai donc plâné en plein accord avec cette magnifique narration.

Un livre pas banal, un hymne à la liberté. J'en ai encore le froid de l'air de la montagne sur les joues ! Il y a un beau et court texte sur les ours aussi, dont j'ai savouré chaque ligne.

Voilà, ce n'est pas une analyse qui vous permet de savoir si vous aussi, vous allez craquer... lisez le blog de Jean-Pierre, faites vous une idée de son style, et décidez ! ...Moi, comme on le comprend, j'ai aimé!"

Merci Edmée. Merci d'avoir aimé. Merci de l'avoir dit. De cette manière. Simplement. Merci de m'encourager aussi à poursuivre. J'ai tellement pris de plaisir à l'écrire. Alors quand les petits plaisirs peuvent se partager...simplement.



Si vous avez bon goût, que vous aimez la belle écriture et que vous achetez ses ouvrages vous comprendrez pourquoi son avis m'est précieux. Allez sur son blog (référencé ci-contre), lisez quelques lignes, peu importe l'article...vous comprendrez sans doute aussi pourquoi ses mots me touchent.




Alors, si vous souhaitez  être "en phase avec les states", avec ce qui se lit en ce moment dans le New Jersey (rires!!) ... les fêtes pointant joyeusement leurs frimousses espiègles et colorées,  offrez "La plume de l'ange" à tous ceux que vous aimez!.... non, non pas à moi, je l'ai déjà!

Vous pouvez commander sur le site de l'éditeur Chloé des Lys (voir ci-contre)
ou en me laissant un mail : jean-pierre.meyer47@wanadoo.fr 
vous bénéficierez de 30% par rapport au prix libraire. C'est déjà Noël!

Et pour les boulimiques, rajoutez-y "Les Romanichels" de Madame De Xavhée... ça vaut, je vous l'assure, tous les foies gras truffés ou plutôt "son pesant de cacahuettes" comme ils disent là-bas!
Et puis allez fouiner aussi sur les sites des auteurs "Chloé des Lys" référencés sur le côté ou encore sur le site de l'éditeur... vous n'êtes pas au bout de vos surprises... des talents comme s'il en pleuvait!


Et puis, pour vos cadeaux livres pour enfants, allez donc déambuler avec curiosité sur le site de la copine Martine, des éditions Arphilvolis. Cette maison d'édition lot-et-garonnaise qui grandit, blottie dans ce beau village de Prayssas, là-haut sur les côteaux ensoleillés entre Lot et Garonne, pleine de qualité et de talents neufs, vous accueille en toute simplicité mais tellement de chaleur. Découvrez-là à l'aide du lien ci-contre (dans "A découvrir sans modération").

 
Bon, mes vapeurs me reprennent!

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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 19:27




" Le silence, c'est quelque fois se taire,
mais le silence c'est toujours écouter

MADELEINE DELBRÊL

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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 08:15






Pour venir chez moi, c'est facile. C'est la propriété là-haut sur le plateau où il n'y a ni barrière, ni clôture, ni chien de garde, ni mirador, ni barbelés, ni mur d'enceinte avec des tessons de bouteilles dessus...

A chemin ouvert, coeur ouvert...

Bon voilà. Je ne vais plus voir mon pote. Il sait pourquoi. Sa porte, autrefois souvent entrouverte, où j'allais frapper pour échanger deux mots en passant, prendre des nouvelles, parler de tout et de rien, défaire et refaire le monde, est désormais inaccessible et trop éloignée de ma conception de l'ouverture à l'autre. Un mur d'enceinte à défier les meilleurs escaladeurs de la planète surmonté d'une grille à piques accueillantes pour les fessiers en infraction, un portail réplique de celui de la prison de la Santé, un digicode et interphone par lequel je dois lister mon curriculum vitae pour montrer patte blanche, auquel s'ajoute une caméra vidéo avec un écran déformant sur lequel Adriana Karembeu prendrait la tendresse de Frankeinstein. Manque plus que le distributeur de gants en latex pour ne pas contaminer le mouchard. Le tout rélié à des services de sécurité, eux-mêmes reliées à la gendarmerie, elle-même reliée au ministère de l'intérieur, lui-même relié...
Alors je passe devant chez lui sans même ralentir. Comme ça, pas besoin de me maquiller pour être convenable devant sa foutue caméra cachée. Pas 25 mn à perdre pour atteindre enfin sa poignée de main...

Quelques kilomètres plus loin, une autre caméra lâchement dissimulée derrière un pare-brise teinté d'un véhicule banal, même pas les couilles d'un type en uniforme, me tire le portrait sur cette ligne droite en ville, sans danger. 56 au lieu de 50. Sans danger, mais rentable. Pas comme les virages dangereux un peu plus loin. Dangereux mais pas rentables. Faut savoir ce qu'on veut. Prévention bidon. Pognon dans le cochon. Cherchez pas les couillons.

Descente dans le parking souterrain. Les yeux sécuritaires sont partout. Montés sur axes. Ils pivotent et suivent mes faits et gestes. J'ai hésité à me gratter l'entre-fesse. Là où ça nous démange toujours à un moment donné de notre vie. Jamais au bon moment. Tant pis je l'ai fait. Le type dans sa cabine de contrôle doit le faire aussi. C'est contagieux. Comme regarder baîller quelqu'un.




Me voilà dans la rue. Au grand air. Les gens se sont habitués aux caméras de vidéo surveillances qui râtissent le boulevard. Ils déambulent, feignant l'indifférence, comme si de rien n'était. Pas moi. Alors je me regratte. Mais je change d'endroit. pour varier un peu le cadrage et ne pas être pris toujours sous le même angle. Je choisis mon trottoir en fonction de mon côté le plus photogénique. Plus de délinquance sur le boulevard. Elle s'est déplacée de quelques mètres, là où l'oeil de Moscou ne peut lorgner, même en se tordant le cou. Ce sont des caméras pour honnête gens. Voilà tout. Bon je traverse la rue tranquillou. C'est limité à 30 km/h. Pratique. Tu déposes ta femme au début du boulevard. Quand tu arrives à l'autre extrémité, elle t'attends et elle a fait toutes les courses.

Les courses. Quand tu rentres dans le magasin, la première étape est le vigile qui te regarde avec une tendresse immédiate et te toise de la semelle jusqu'à la tonsure. Alors là tu te sens un peu nu. Mais non, ne sois pas inquiet, lève la tête doucement, elle sont là les caméras qui rassurent. Alors toujours faire un petit bonjour au type qui se fait chier dans sa cabine aux 40 écrans. Si tu peux lui faire un petit grattage du nez, tu peux lui montrer ensuite le bout du doigt, qu'il voit qu'il est bien propre, ça le distrait un peu. Il a l'impression de regarder une émission de télé-réalité sur TF1.




Tu payes avec ta carte bleue qui contient les infos d'une belle partie de ta vie qui se retrouve dans des fichiers qui sont vendus à des acheteurs de fichiers qui les revendent à des acheteurs de fichiers qui les revendent... ta vie dans une puce. Alors tu te regrattes. De moins en moins discrètement.
Un groupe de jeunes filles en excitation pré-pubère te croise, éclate de rire, et te filme de haut en bas à l'aide de leur "portable" dernier cri aux options frigidaire, rôtissoire, télévision, fer à repasser, et accessoirement téléphone. Tu te sens Kevin Costner du boul'. Avec tellement d'émotion. La reconnaissance. Enfin. Mes premières groupies. Elles continuent de rire plus généreusement en montrant alors tes pieds du bout de leurs doigts moqueurs. Et là. Coupez les caméras. La honte. Erreur de la styliste. Appelez-moi l'accessoiriste incapable. Me voilà en chaussons au milieu de leurs sarcasmes. Et ceux troués à mon oeil de perdrix et qui me servent les jours où j'ai envie de rien et que je veux le montrer à tout le monde. Un bon comédien ne doit pas être étourdi, leçon première. Bon, ils me mettront des santiags vernies au montage.

Tu dois aussi aller à ta banque. Sas de sécurité, caméras non dissimulées pour bien te montrer que tu n'as aucune chance de récupérer tes agios, frais de dépassement, frais de gestion, frais d'escroqueries divers et variés, frais de.... Et puis l'odeur en plus. L'argent n'a pas d'odeur. Les banquiers de plus en plus.



Bon, si tu te débrouilles bien, tu peux être fimé dans une journée autant de fois que Monica Belluci. Sans le cachet qui va avec. Faut pas exagérer non plus. Même à la Poste, tu te vois sur l'écran. Bon de loin, parce qu' avec la queue qu'il y a... Au début je croyais que les gens venaient pour se voir dans la télé au dessus du guichet. S'ils étaient bien coiffés, la mèche rangée, tout ça...et un jour, j'ai vu que la queue avançait. En fait le jeu, c'est d'arriver au guichet avant la fermeture. Il parait qu'un jour il y a eu un gagnant. Bon, c'était il y a longtemps. Les gens sont tellement joueurs.

Tu peux ensuite commander au Centre Départemental des Visionneurs Sécuritaires, soit un long métrage, soit une série d'épisodes : les aventures de Pilou à la banque, Pilou sur le boul', Pilou et la voiture banalisée, Pilou... enfin c'est plus belle la vie. Mais en mieux. Et cette fois-ci, c'est la tienne.

Tu rentres ensuite chez toi crevé. Parce qu'acteur c'est un métier. Et là tu reçois un sms de ton voisin. 
"Eh, branche-toi vite sur ta webcam, j'ai à te parler...!"
Alors tu réponds avec le flegme de la star de la télé(surveillance) que tu es en train de devenir et qui commence à sentir monter la pression médiatique : 
- Bon, alors tu sors de chez toi, tu prends à droite, tu fais 150 mètres avec tes petites jambes musclées, tu montes le petit chemin qui sent la noisette et tu pousses la porte toujours ouverte et avec un peu de chance, je serai là. Sinon, je serai par là-haut en train de "lever" les oeufs des poules où assis sous le chêne avec mon chat. Si tu es fatigué par cette expédition dans des conditions extrêmes, je t'offrirai une San Miguel bien fraîche. C'est promis!

Voilà, en attendant, si j'avais mis des caméras sur le chêne près duquel je me suis soulagé et un discret écran vert chlorophylle assorti, avec ma manie de regarder toujours en l'air voir discuter les écureuils, je ne me serais sûrement pas pissé sur les charentaises... les neuves celles-là! Il y a des jours comme ça....

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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 18:31


" Si on ne voulait qu'être heureux,
cela serait bientôt fait.
Mais on veut être plus heureux que les autres,
et cela est presque toujours difficile
parce que nous croyons les autres
plus heureux qu'ils ne le sont."


Montesquieu

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